Les castes ne sont pas un sujet que l’on n’évoque pas facilement à un occidental attaché à ses idéaux égalitaires. On préfère parler de classes sociales que de castes. Pourtant, les castes font partie de la pensée indienne. Si le système des castes est révolu, les indiens restent attachés à leur propre caste
La caste n’est pas simplement une notion religieuse, c’est une notion sociologique qui organise la société indienne. Le nombre de caste en Inde est incalculable. Chacune comprend des milliers d’individus. Bien que chaque caste ait des caractéristiques régionales, elle n’est pas située sur une aire géographique fixe. Les membres d’une même caste peuvent vivre dans toutes les régions de l’Inde, avoir des professions différentes. La caste régit les rapports entre les hommes et définit un statut à la naissance, mais elle ne détermine pas un destin et un statut économique.
Les castes, localement appelées jati, sont hiérarchisées et constituent le système des castes. Ce système inégalitaire repose sur le concept de pureté et d’impureté rituelle. La pureté est une notion religieuse. Les brahmanes, les prêtres, sont au sommet de la hiérarchie. A l'opposé, l'impureté est liée aux déchets corporels et à la mort. Ainsi les intouchables ou dalit, au bas de l'échelle, furent traditionnellement chargés des métiers "impurs".
Etre au sommet de la hiérarchie rituelle ne signifie pas être en haut de l’échelle économique. Les brahmanes représentent la caste la plus pure rituellement mais ne sont pas les détenteurs de la richesse.
Par ailleurs, si le statut rituel est immuable, la position socio-économique peut en revanche évoluer au cours de la vie, en fonction de sa famille, de son réseau et de son éducation.
La caste est le groupe social majeur auquel appartient tout individu. Au sein de la caste, chaque individu y trouve entraide et solidarité. La caste est une grande famille qui relie chaque membre à ses ancêtres et à leur histoire.
En fonction de son karma, chaque individu nait dans une caste donnée. Le karma est la somme des actions, et de leurs conséquences, accomplies dans les incarnations précédentes. On ne peut pas changer de caste. C’est un fait de naissance.
Chaque individu se doit de respecter les règles de la caste, au risque d’en être exclu. Par exemple, il doit respecter l’endogamie, c’est-à-dire se marier avec une personne de sa caste, pratiquer le culte de certaines divinités, préparer des mets culinaires particuliers, porter des vêtements traditionnels en fonction des circonstances et offrir l'hospitalité aux membres de sa caste.
L’attachement à la famille élargie et à la caste est très fort. L’individualisme et la réussite purement personnelle n’ont pas de sens.
La forme de vie familiale la plus étendue est la joint family. Trois générations cohabitent ensemble : les parents ; leurs fils avec leurs épouses et enfants ; et leurs filles non mariées. Cette vie en commun est au cœur de la transmission des valeurs et de la solidarité familiale. Malgré les contraintes que cela représente, en termes de conflits domestiques, il y a un fort attachement à cette famille indivise.
Les hommes sont les détenteurs de l’autorité. Les femmes sont subordonnées d’abord au père, puis au mari et ensuite à leurs fils. Le père est la personne qui a autorité sur tous et à qui l’on doit un grand respect. Protecteur et nourricier, il doit répondre au mieux à tous les besoins exprimés. Adulte, le fils ainé a un statut similaire à celui du père. Au décès de ce dernier, il deviendra responsable de la famille élargie. Les frères cadets ont en revanche une autorité limitée.
L’âge est un des critères d’autorité et de respect le plus important. Il est nécessaire de faire preuve de politesse, d’égards envers les personnes plus âgées que soi. Selon la coutume du parnam, les enfants s’inclinent devant les adultes en posant leur main droite sur leurs pieds puis portent leur main à leur propre tête ou front. En échange les adultes posent une main sur leur tête, symbolisant une bénédiction et une protection.
Les relations entre les hommes et les femmes sont distantes. Il ne doit pas y avoir de familiarité avec une femme et un homme qui ne sont pas frère et sœur. Trop de familiarité et un contact physique sont des manques de respect.
Les rapports entre époux en public sont distants. Une femme se couvre le visage devant les hommes de sa belle-famille. Elle doit marquer sa dévotion envers son mari et rester discrète. Le voile permet de créer une barrière qui permet de supprimer toute convoitise sexuelle
Les célébrations sont très couteuses. Les familles économisent et s’endettent pendant de nombreuses années. Le mariage est le moment où chaque individu acquiert la respectabilité. L’homme marié, actif et chef de famille, est considéré au centre de l’ordre social. Pour la femme, la reconnaissance sociale passe principalement par ses rôles traditionnels d’épouse. Le couple est très valorisé, et le mariage reste l’objectif de vie prédominant, même pour les femmes qui souhaitent poursuivent une carrière professionnelle.
Bien plus qu’une union entre deux individus c’est avant tout une alliance entre familles. Marier ses enfants relève du devoir traditionnel des parents. Ils sont en charge de réunir la dot et de trouver le partenaire idéal. L’enjeu est de choisir, de trouver la meilleure alliance possible. Les mariages d’amour ou à l’occidental sont percus instables et sont peu valorisés.
Contrairement à l’occident, il ne faut pas entendre par mariage début de la vie conjugale. Chez les Raika, comme dans d'autres castes, les mariages font l’objet de multiples cérémonies. La cérémonie du mariage peut avoir lieu avant la puberté et avec d’autres couples. Mais cette cérémonie ne marque pas le debut de la vie conjugale. Une autre cérémonie aura lieu plusieurs années après, qui célébrera le départ de la jeune femme pour le domicile de son mari.
© Sandrine Prevot
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