Les Raika sont les éleveurs du Rajasthan. Leur mode de vie haut en couleur illustre les valeurs et les coutumes indiennes. Ils ne représentent pas un groupe marginal en Inde. L’Inde a en effet un coeur rural. A côté des grandes mégapoles, près de 70% de la population indienne vit en campagne.
Les Raika représentent le groupe le plus important d’éleveurs en Inde du Nord. Spécialisés dans l’élevage des moutons et de dromadaires, ils vivent dans la région aride du Rajasthan, siège de l’ancienne région du Marwar, située entre le désert du Thar et les Monts Aravalli.
Ils sont également présents au Gujarat, plus connus sous le nom de Rabari ou de Rebari. Cette caste compterait près d’un demi-million de personnes.
Chaque caste a un mythe qui définit sa profession traditionnelle. Selon la légende, le premier Raika a été créé par le grand Dieu Shiva pour élever des dromadaires. Bien que tous les membres d'une caste n'exercent plus aujourd'hui leur profession traditionnelle, les personnes les plus âgées considèrent toujours que le savoir-faire relatif à cette profession reste le monopole de la caste.
Même si la majorité d’entre-eux sont bergers, de nombreux Raika ont choisi d’autres professions. Certains sont marchands dans les grandes villes, d’autres medecins ou travaillent dans l’administration, d’autres encore sont en Europe et exercent diverses professions.
Les Raika sont des semi-nomades. Ils possèdent une habitation fixe dans un village du Rajastan et, durant la saison sèche, ils partent de longs mois dans les Etats voisins, le Madhya Pradesh et l'Uttar Pradesh, pour trouver de nouveaux pâturages.
Vers le mois d’octobre, ils constituent des groupes nomades. Un berger ne part pas seul dans des territoires éloignés et potentiellement dangereux.En moyenne un groupe nomade compte une cinquantaine d’hommes, une dizaine de femmes, 6000 moutons et une vingtaine de dromadaires. Ils parcourent prés de 2500 km, pour revenir dans leur village avant la saison des pluies, en juin.
Les Raika n’ont pas toujours été nomades. Autrefois, les bergers faisaient pâturer leurs troupeaux autour du village ou dans les régions avoisinantes. Le nomadisme en groupe est une conséquence de la modernisation agricole des dernières décennies. Depuis les années 50, les plans quinquennaux ont permis une croissance de la productivité du sol et l’autosuffisance alimentaire. Cela a entrainé une réduction des zones de pâturages. Face à cette situation, les Raika ont été contraints de réaliser des déplacements de plus en plus lointains et pour des périodes de plus en plus longues.
Les vêtements féminins symbolisent la tradition. Les femmes Raika portent des tenues de couleurs, fleuries. La jupe large et le haut cintré sont accompagnés d’un voile. Elles portent également de nombreux bijoux : des colliers, des boucles d’oreille et de nez et des bracelets sur toutes la longueur du bras ainsi qu'aux chevilles. L’ensemble des bracelets crée une sonorité discrète qui accentue la grâce féminine.
Contrairement aux citadins qui ont adopté des vêtements occidentalisés, les hommes Raika ont conservé la tenue traditionnelle indienne. Les hommes portent des chemises indiennes longues (kurta) et le dhoti, sorte de pantalon bouffant. Le dhoti est une longue pièce de tissu de 3 ou 4 mètres dont une extrémité est passée dans l’entrejambe. Le turban a également une place très importante. La manière de porter le turban dépend de différents critères dont l’âge. Le turban blanc est porté par les anciens, et les turbans de couleurs par les chefs de famille en pleine force de l’âge.
Les Raika ont su allier la tradition et la modernité. Tout en conservant le style de leur vêtements, ils ont adopté de nouveaux tissus, de nouvelles couleurs, les finitions se sont transformées. Conserver un style à l’indienne ne signifie pas un refus du monde moderne et technologique. Les nomades ont d’ailleurs adopté le téléphone portable. Le téléphone portable facilite les déplacements des groupes nomades. Il leur permet de rester en contact avec leur famille et de se renseigner sur les zones à parcourir.
© Sandrine Prevot
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